Au peintre A. Guillemet.
Deux siècles ont passé sur cette tour épaisse,
Sans mettre une lézarde au long de ses vieux murs,
Et, des matins ardents aux soirs les plus obscurs,
Son faîte, dans la nue, impassible se dresse.
La Manche, aux flots tantôt clairs et tantôt impurs,
Sur son lit de rochers qu'elle couvre ou délaisse,
Vient mourir à ses pieds, avec rage ou tendresse,
Au caprice des vents ou plus doux ou plus durs.
Le pêcheur qui bourlingue au large, dans l'écume,
La voit surgir, dès l'aube, au-dessus de la brume,
- Tache sombre, posée au front du jour naissant, -
Et l'artiste qui passe, ému, l'âme attristée,
Songe aux jours disparus, quand le soleil couchant
Allonge, sur la mer, son ombre illimitée.